Arnaques aux faux policiers, comment réagir ?

Santa Cruz.

Je viens de porter mon sac à dos à un cordonnier, dans l’attente, je vais chercher quelque chose à manger, rien ne me fait envie donc je marche un peu au hasard. Au coin d’une rue, une femme m’aborde pour me demander des renseignements, elle cherche une pâtisserie dont elle a la carte. Je m’excuse en lui disant que je ne suis pas d’ici, mais que je peux chercher sur mon téléphone si je trouve où se trouve la rue qu’elle cherche. Je sors donc mon téléphone, nous regardons, cherchons, sans succès, lorsqu’une voiture s’arrête à côté de nous. Un homme, au volant de cette voiture qui fait peine à voir, nous fait signe de nous approcher, le plus innocemment du monde je m’exécute et je lui tend la carte de la pâtisserie en pensant qu’il venait aider.

Que nenni ! Police ! me dit-il en sortant une plaque, du genre officielle.

Sans sortir de sa voiture, il nous demande d’où nous venons, ce que nous faisons dans la rue, et finit par nous demander nos passeports. N’ayant absolument aucune confiance en ce type, et sachant que des faux policiers existent, je réponds que je n’ai pas le mien (qui est dans ma poche) car il est resté à la maison de mon amie (Margarita) à 20/30min de route. La connaissance Péruvienne qui est avec moi, quant à elle, a oublié son passeport à son hotêl.

« Montez, on va allez chercher vos passeports respectifs.» , nous lance t-il.

Je réponds qu’il n’y a pas moyen, la maison est fermée, il n’y a personne, et je ne vais surtout pas t’y emmener. Le gars sans uniforme, cette auto soi disant banalisé, le discours, tout me paraît louche, je ne monterai pas dans cette voiture, et je lui fais comprendre. Cependant, la femme avec moi ne se méfie absolument pas, et ouvre la portière de la voiture, prête à y rentrer. Je la retiens un peu en lui demandant pourquoi elle lui fait confiance, et, tout en montant elle me répond :

« Tout va bien, c’est juste un contrôle de police »

Génial, elle est dans la voiture… Je peux pas la laisser y aller seul, je suis en stresse, je sue à grosse goutte, en plus, le « policier » enchaîne que nous n’avons pas nos papiers et qu’il va donc nous mener au commissariat vérifier nos identités.

« Le commissariat ? Ok, ça me va, on va voir si on y va », dis je, en rentrant à mon tour sur la banquette arrière.

Il démarre, et je prends bien soin qu’il me voit le prendre en photo par son rétroviseur. Pas manqué, il s’énerve et me demande ce que je fais : « Je suis de la police, tu n’as pas le droit de me prendre en photo ! »

« Si vous êtes de la police, il n’y a aucun soucis, j’ai envoyé la photo à ma famille, je la supprimerai en arrivant au commissariat. » (FAUX, je n’ai pas de carte SIM dans le téléphone…)

Il enclenche la première, pendant que moi, je suis notre progression sur la carte grâce au GPS, voir si nous allons bien en direction du commissariat. Et je ne m’en cache pas. Je ne cesse de répéter d’une voix sûre que je ne lui fais pas confiance, et je lui fais comprendre que j’ai pris les dispositions nécessaires au cas où il se passerait quelque chose.

Au fond, je suis mort de trouille.

La voiture s’arrête quelques rues plus loin de là où nous étions montés. L’homme nous fait part du pourquoi il nous contrôle, il arrive que les étrangers viennent vendre de la drogue dans les rues parfois pour se faire des sous. Ok, plausible, mais cela ne change rien. Il veut maintenant voir ce que nous avons dans nos sacs, dans le mien (un petit de 10L), j’ai mon ordi !

La Péruvienne s’exécute, lui donne ses affaires dans un grand sourire, il fouille, et lui rend ses affaires. L’idée me vient qu’ils pourraient être de mèche, alors lorsqu’il me demande mon sac, je prends soin de l’ouvrir devant lui, et de bien regarder tout ce que j’ai avant de lui rendre. Il fouille, puis me le rend, et je revérifie derrière qu’il ne manque rien. Maintenant, il veut sentir nos mains pour d’éventuelles odeurs de drogue.

Dernière chose, il veut fouiller nos poches… (Vous vous rappelez où est mon passeport que j’ai bien répété ne pas avoir ? )

Je sors mon téléphone, mon porte monnaie, quelques mouchoirs et papiers sans importance. Je compte au centime prêt l’argent que j’ai avant de lui remettre mon porte monnaie, il y glisse un œil attentif avant de me le restituer en rigolant, et de me dire :

« Je t’en prie, vérifie une fois de plus si je ne t’ai rien volé vu que tu n’as pas confiance »

Je ne me gêne pas et recompte, tout y est.

Comme vérification, il veut tâter nos poches pour vérifier que nous n’avons rien à cacher…

« Et ca, qu’est ce que c’est ?! », me lance t-il.

« Mon passeport. » je rétorque le plus naturellement du monde.

Il me regarde fixement d’un air dubitatif.

Je poursuis : « Je te l’ai dis, je ne te crois pas, je ne te fais pas confiance. On m’a déjà volé au Costa Rica, je me laisserai pas voler une deuxième fois. »

Sur ces quelques mots, il révise mon passeport, puis me le rend. Je vérifie bien que j’ai les quelques papiers de l’immigration que l’on m’a fourni au passage de frontière (et qui sont important).

Avant que je n’en dise plus, il nous interroge sur l’argent présent sur notre compte en banque. Ok, là c’est bizarre, il aurait pu préciser que c’était pour vérifier si nous avions les fonds nécessaires pour rester en Bolivie , mais non. Seulement cette question, sachant qu’il sait que j’ai ma carte de crédit. Une fois de plus, ma compagne de banquette répond sans aucune crainte.

Quant à moi :

« Je dois avoir dans les 60e, mais sur un autre compte d’épargne je dois avoir dans les 700e »

Ainsi, s’il s’avère être un vrai agent de la paix, je lui prouve que j’ai les moyens de rester dans le pays, et si c’est un faux, je lui fais comprendre que même s’il me vole, il ne pourra retirer que 60e, soit un piètre montant pour le risque encouru.

Il ne répond rien.

J’ai l’impression d’être dans cette maudite voiture depuis une éternité, je lui signale alors qu’il n’a plus rien contre nous, il a vérifié, on peut donc s’en aller.

« Oui, Oui, c’est bon, tu peux y aller. » me rétorque t-il sur un ton agacé.

« Je ? Pourquoi pas elle ? » je l’interroge.

« Je vais la déposer à la pâtisserie qu’elle cherche. » me répond t-il sans même me regarde.

Je me tourne vers elle et lui demande si elle est sûre de vouloir rester dans cette voiture.

« Oui, Oui, pas de soucis, il va me déposer » me dit-elle dans un sourire.

Très bien… Pas convaincu, mais bon… Je sors de la voiture, qui s’en va dans l’avenue.

Je suis en sueur, mes nerfs se relâchent et je suis soudainement perdu. Je sais que nous n’avons parcouru que quelques rues, je sors mon GPS, et sans m’en rendre compte, je m’en vais dans le sens opposé. Ce n’est que 10min plus tard, ne me voyant pas arriver au cordonnier à qui j’avais laissé mon sac, que je regarde de nouveau la carte pour constater que je ne suis absolument pas dans le bon sens, je rebrousse donc chemin… Les jambes toujours faibles, l’esprit pensant à la femme, est elle en sécurité, était ce un vrai flic, était elle de mèche ?

Je récupère mon sac, et me dirige vers la place principale. Sur le chemin, je m’achète deux cigarettes, il me faut quelque chose pour canaliser mes nerfs. Je m’en vais m’asseoir dans le parc fumer une des deux cigarettes. Pendant que j’essayais de reprendre mes esprits, je vois deux policières patrouiller dans les allées du parc, je m’en vais leurs conter ce qu’il vient de se passer. Elles me font bien comprendre qu’un policier ne peut pas contrôler quelqu’un comme ça, seul, sans uniforme, il y a beaucoup de faux policiers ici… Elles me confirment quasiment à 100% que c’était un faux agent de police… Maintenant, le pire des cas, est que cela ai été un vrai policier, et que je lui ai rendu son contrôle de routine infernal ahah…

Bref, je me calmerai en jetant à la poubelle la deuxième cigarette et en continuant à parler avec cette agent de police bien aimable, qui me parlera de Roboré, et Aguas Calientes.

Le meilleur conseil que j’ai à donner est le suivant :

 

  • Si vous doutez de l’intégrité du contrôle, NE MONTEZ PAS DANS LA VOITURE. Demandez l’avis d’un passant, et appelez la police. Vous verrez bien, et ne risquez rien à le faire, attendez que la vraie police arrive, vous serez fixé, et en sécurité.

 

  • Dans le cas où vous montez dans la voiture (comme je l’ai fais), prenez auparavant une photo de la plaque d’immatriculation, une photo de la tête du « policier » qui veut vous emmener, faites le lui bien savoir, et montrez bien que vous êtes méfiant, vérifiez tout avant et après que la personne veuille vérifier vos affaires, prévenez quelqu’un si vous le pouvez pour lui faire part de votre situation.

  1. Bonjour Seb!

    Merci pour ton article que nous avons lu avec intérêt.
    En effet il vient de nous arriver la même chose à Cochabamba en allant au christ rédempteur. Une touriste péruvienne qui cherche son chemin , un flic dans une voiture plus que banalisée avec une « fausse » insigne, le reniflement des doigts, le compte de notre argent liquide, le portable, le vide de notre sac et la question sur notre compte en banque. Après avoir denier vouloir monter dans la voiture, il a menacé de me passer les menottes, donc on s’est exécuté en suivant la « péruvienne ». Bref le même coup et on s’en sort comme toi avec les jambes flaguadas et toutes nos
    affaires. Peut être cherchait il des touristes plus fortunés. Le coup a l’air bien rodé et comme toi il faut savoir évacuer la pression et prendre le maximum de précaution avec photos etc.

    1. Salut Teo !

      Merci beaucoup pour ton retour d’expérience, cela compte beaucoup ! Je sais maintenant que ces gens là travaillent avec des complices, c’est une certitude ! Je suis soulagé que cela se soit bien passé pour vous aussi, après coup on se retrouve avec les jambes vraiment sans force c’est dingue ^^
      Il ne faut jamais monter dans une voiture, un vrai contrôle de police se fera toujours avec des uniformes et à plusieurs agents.
      J’espère que votre voyage s’est bien passé/se passe bien malgré cela, la Bolivie est vraiment un pays magnifique ! Bonne continuation, et merci encore pour confirmer mon article, espérons que cela puisse aider d’autres voyageurs 🙂

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