L'expérience d'intégration dans un village Bolivien
Laissez moi avant de vous donnez les tips sur Toro Toro, vous conter un peu les événements fabuleux et surprenant qui s’y sont déroulés.
Après le carnaval d’Oruro, je me suis donc dirigé avec pour seules informations sur ce petit village que l’on pouvait y découvrir des traces de dinosaures, ayant grandi avec Jurassic Park, il était évident pour moi d’aller découvrir cela !
Tout content avec mes 240 Bs (30e) en poche après 7h de trajet chaotique, j’arrive donc en pleine nuit, sous la pluie. Je manque de me faire écraser par un mur qui s’effondre pendant que je cherchais où passer la nuit ( Un saut de biche tout ce qu’il y a de plus ridicule m’aura sauvé de l’éboulis… ).
Le lendemain je m’en vais faire les tours proposés, découverte du canyon, des traces de dinosaures, etc… C’est le soir en rentrant que je me rend compte qu’il n’y a pas de distributeurs dans ce petit village dans les terres boliviennes. Il me reste assez d’argent pour payer ma nuit, ainsi que le dernier tour que j’ai à faire, après ça je calcule que je n’ai pas assez d’argent pour repartir… Heureusement que dans la journée pendant que je cherchais des personnes pour partir en tour, j’ai rencontré Cedric qui tient un bar avec Fabien, un autre français depuis quelques jours, et qui m’a proposé de mettre ma tente dans la grange derrière le bar, parfait ! Cette grange s’avérera être ma maison pour le prochain mois…
J’ai fais les tours que je voulais faire, je suis maintenant hébergé derrière le bar. Sur l’idée des nombreux argentins que j’ai rencontré qui vendaient de la nourriture dans la rue, l’idée m’est venue de faire des crêpes, de là tout a commencé. Je faisais mes crêpes et ma confiture de papaye, banane, et pomme que j’allais vendre le matin à 7h à l’office des guides, là où touristes et guides se réunissent avant de partir en tour. Cela marche tellement bien que les gens commencent à me connaître dans le village et à me demander de revenir le lendemain, ainsi que le surlendemain.
Ainsi sur idée de Cédric et Fabien je me suis mis à vendre le soir aussi, aux clients du bar, ce qui fut une réussite, notamment avec tous les français qui passaient par Toro Toro.
Au fil des jours, tout va pour le mieux, je me fais assez de bénéfices pour m’acheter à manger et acheter de quoi refaire des crêpes.
Le bar marche vraiment bien, même si peu de locaux viennent, avec les touristes de passage nous n’avons en rien à nous plaindre ! Pour les soirées, nous ne faisons qu’une seule table pour en faire un bar culturel, un bar de rencontre et d’échange. En soit, le bar devient rapidement connu dans les environs pour être un bar « Buena Onda », avec des gens sympas, ouvert d’esprit, et où il fait bon de se retrouver autour d’une bonne bière artisanale.
Un matin ensoleillé, sirotant notre café, Cedric et Fabien me demandent pourquoi je ne ferai pas, en plus des crêpes, des burgers ! Mais des bons burgers, pas des burgers de rue avec un steak ne contenant pas de viande et fins comme ceux des fast food. Je me lance alors à faire le tour des petits établis qui vendent des légumes dans le village, cela me paraît faisable avec l’argent que j’ai. Je pars au départ avec l’idée de faire entre 5 et 10 burgers, ce qui va très vite s’avérer insuffisant, les burgers partent comme des petits pains, même les locaux viennent en manger et adorent, je passe très vite à des préparations pour 20 burgers.
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Préparation du burger :
- Couper le pain en deux, mettre du fromage sur la partie supérieure du pain, et hop au four les deux parties.
- Pendant ce temps avec la viande hachée (150g +/-) , mélanger : sel, poivre, cumin, persil et ail. Mettre dans une poêle huilée, bien chaude, pour saisir la viande. Retourner de temps en temps en l’aplatissant un peu.
- Sortir le pain quand la viande est presque prête, sur la partie sans fromage étaler une mayo/moutarde maison, suivie du steak, feuille de salade, tomate, cornichons, confit d’oignons, et si désiré, un œuf au plat.
- Servir avec une salade laitue/tomates/oignons/poivrons, et une vinaigrette avec de l’huile, de la moutarde et du vinaigre balsamique (ou citron si vous n’avez pas de vinaigre).
Rejoins par Léo, rencontre de voyage de Fabien, l’équipe fait un travail super au bar, et ramène énormément de monde, faut dire qu’ils savent y faire pour donner envie aux gens de venir jeter un coup d’œil.
Léo est un peu l’homme à tout faire, il ré-organise la cuisine en accrochant tous les ustensiles aux poutres et aux murs, pose des planches de travail et des étagères avec Cédric. Il est notamment mon commis en chef, il m’aidera tous les soirs où j’ai été débordé en cuisine, m’aida aussi à couper tous les légumes dont j’avais besoin pour les préparations, bref, l’équipe s’agrandit et fait un tabac !
Après deux ou trois semaines, ce sont des touristes qui arrivent d’autres villes, ayant entendu parler d’un petit bar tenu par des français à Toro Toro où se déroulent des soirées mémorables, et où l’on y mange les meilleurs burgers d’Amérique du Sud (selon un américain en voyage).
Et comme à notre habitude, que l’on soit 6 ou 26, on se fait des soirées à ne pas oublier de sitôt. Cédric se lance dans des Ti’ Punch, des jus de gingembres, tandis que Fabien met l’ambiance avec le jenga, les jeux de cartes, et sa musique dont il est fan (faut avouer qu’il a de bonnes musiques).
Sur la lancée de l’évolution, de fil en aiguille, je me suis lancé dans les lasagnes à la viande et vin rouge, ainsi qu’aux lasagnes végétariennes à l’aubergine.
Un bolivien, nommé Guido, qui tient un hôtel restaurant, et, ayant entendu parler de moi, vint même me trouver pour me demander de lui donner des cours de cuisine, il propose de me payer et de m’offrir une chambre dans son hôtel. Pour la chambre, non merci, je suis bien dans ma tente, pour le paiement, on s’arrange sur le fait qu’il achète les aliments, on mange ensemble ce qu’on prépare, et ce qu’il y a en plus, on le vend, et les recettes seront pour moi. Marché conclu. Je lui apprends à faire un poulet pané façon milanaise avec origan/panure, citron/œuf, et sur le dessus une sauce tomate/ail/origan avec une tranche de fromage. En plus de la recette du burger, des lasagnes, ainsi que d’un bœuf moutarde/bière.
Je fais partie de la vie de Toro Toro, je ne veux plus repartir !!
Un jour, l’envie nous prend d’aller camper dans les hauteurs des montagnes… Nous sommes 6, deux chiliennes rencontrées quelques jours auparavant, et notre équipe de quatre. Nous aimerions être plus mais nous n’avons rencontré personne de motivé. Léo charge les sacs et les tentes sur le toit, et hop en voiture. Pendant que nous traversons le village, nous proposons à toutes les personnes que nous croisons, aussi inconnues soit-elle, si elles veulent nous accompagner. Ainsi, lorsque nous partons de ToroToro, nous sommes 11 personnes motivés, 9 personnes dans la voiture, et deux (dont moi) à l’arrière de la voiture pour une bonne heure de route. Nous passons ainsi la nuit à festoyer et à partager autour d’un feu de camp, entre inconnus amicaux. Le lendemain, le retour se fait avec des sacs allégés des bières et de la nourriture, mais toujours à l’arrière du 4×4…
C’est grâce à cette rafle pour aller camper que nous connaissons Alexis qui rejoindra l’équipe, après le départ de Léo. Au fur et à mesure que les jours passent, nous rencontrons un couple belge, une allemande, et un danois. Nous nous lions tous d’amitié, et partons nous aussi camper en « petit comité » de 5. Nous installons notre campement dans le canyon près de la rivière, et c’est lorsque la pluie vint au début de la nuit nous signaler que un petit orage se prépare, que nous attrapons en vitesse les vivres, que nous mettons le bois sec sous un rocher, et que nous courons nous abriter dans une avancée de la falaise à l’abri de la pluie, sur 10m de long, mais 1m50 de large. Nous passons une bonne partie de la nuit à rire et à se raconter des histoires en mangeant des sandwichs improvisés et en ouvrant quelques bières encore une fois. La rivière étant montée, il nous faudra ramper sous une parois rocheuse pour pouvoir descendre de notre nid perché et revenir à notre campement, rallumer un feu, et continuer nos conversations. Rebelote le lendemain, nous plions bagages, nettoyons les traces du feu, et rentrons au bar.
Par la suite, à notre départ, c’est eux qui reprendront le bar et qui se chargeront de le transmettre à quelqu’un d’autre…
Nous sommes parfaitement intégrés dans le village, nous sortons avec les locaux boire des verres, on me donne des cours de Quechua, nous sommes connus par les gens, appréciés, bref les Rois de ToroToro comme nous nous appelons avec la plus grande humilité qui soit ahah
Mais le temps vint où les uns doivent sortir du pays, leur durée de séjour expirant, et de mon côté je n’ai plus qu’un mois pour visiter la Bolivie que je ne connais pratiquement pas hormis quelques villages.
⇐ Talent et ingéniosité !
Vint donc notre soirée d’adieu, où nous invitons locaux et touristes, toutes les personnes que nous croisons nous les invitons. Le soir venu, nous sommes près d’une cinquantaine réunis autour d’un feu, à boire, danser, chanter ensemble, accompagnés par les boliviens qui jouent du Charango (petit instrument de musique, ressemblant à une guitare). Le beau frère de Guido est conducteur de bus, et nous offre le trajet pour partir de Toro Toro le lendemain, rendez vous fixé à 5h30 du matin. Très bien, nous avons jusqu’au matin pour faire la fête !
Entre les embrassades et les discours émouvants d’adieu de nos amis locaux comme touristes de passage, les boliviennes m’enseignent comment bien démembrer un poulet pour le mettre sur le grill. Ainsi nous mettons quatre poulets à griller sur le feu, pour que tous le monde puisse en profiter, avec 3 kg de viande de bœuf badigeonnée de moutarde.
Nous continuons de trinquer jusqu’à l’arrivé de l’heure fatidique. Nous ouvrons nos cœurs, sortons de beaux discours, et après avoir fais nos affaires à la va vite, c’est tout éméché que nous montons dans le bus (pas moins de 5min pour nous endormir), et au revoir ToroToro, à une prochaine fois…
MAIS, vu qu’il n’est pas possible de se quitter juste comme ça, nous décidons avec Fabien et Cédric de faire un bout de chemin ensemble jusqu’à Saimaipata en stop, nous resterons une semaine de plus ensemble avant de se séparer pour de bon…
C’est génial mec ! Quelle aventure ! Continue comme ça =) Et a bientôt sur la route (avec ou sans route) !!
Salut Romain !
Je le conseille à tout le monde, ToroToro a été une expérience incroyable !
On se revoit bientôt !